Dans cet article nous verrons entre autres, les liens de François Mitterrand avec la Franc-Maçonnerie (certes ce n’est pas vraiment nouveau, même officiellement), avec les anciennes dynasties royales de France, avec La Cagoule (groupe d’extrême droite actif dans les années 30), avec certaines autres sociétés secrètes et bien évidemment sera évoqué la symbolique maçonnique de ses Grands Travaux comme la pyramide du Louvre, la Grande Arche de la Défense ou encore l’Opéra Bastille, bien que cela sera plus détaillé dans d’éventuels autres articles à venir…
Le matin des magiciens débuta le 10 mai 1981 avec l’élection de François Mitterrand. Dans l’euphorie de la victoire du peuple de gauche aux présidentielles et du raz-de-marée de la vague rose des législatives, on rêva — une fois de plus — aux lendemains qui chantent et qui rasent gratis.
Mais l’aube dorée fut celle des initiés. Comme aux plus beaux jours de la IIIe République, les travées de l’Assemblée nationale se remplirent de députés francs-maçons aussi barbus que sectaires, la veille encore instituteurs de la laïque.
Le Conseil des ministres ne fut pas en reste : le nouveau monarque républicain s’entoura d’une cour de frères s’entre-déchirant fraternellement (12).
Mais ce n’était là que le plus visible, l’écume d’une redoutable et secrète lame de fond qui, deux septennats durant, allait submerger non plus les allées du pouvoir, mais le pouvoir lui-même.
La magistrature suprême était occupée par un mage. Un mage pythagoricien comme le subodorait, dès 1985, Arnaud-Aaron Upinski (13).
Combien de propos sibyllins, de décisions énigmatiques, d’actes surprenants — dont on ne saisit réellement le véritable sens que bien longtemps après — ne se comprennent que si on les éclaire à la lumière de cette ombre occulte.
Le 21 mai 1981, le jour de son investiture, le président de la République se rend au Panthéon
Expliquer sa fringale bâtisseuse par le désir — réel — de laisser sa trace dans l’histoire, comme le prestigieux président architecte et urbaniste qui enrichit Paris d’édifices monumentaux à l’échelle de sa mégalomanie, c’est, en dernière analyse, se condamner à ne pas expliquer grand chose.
Même indéniable et constaté par les tribunaux, l’appât du gain n’explique pas tout, loin s’en faut ! Pas plus que la fantaisie du prince ou le hasard il ne fournit le puissant mobile de l’acharnement à réaliser envers et contre tout et tous le Grand Louvre, à imposer la verrière pyramidale de M. Peï, de la volonté de bâtir une arche colossale à l’extrémité de l’axe historique de la capitale, du besoin d’organiser cérémonies et célébrations d’un coût et d’un goût effrayants.
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12. – Petit liste (incomplète) des F F ∴ et des S S ∴ pourvus de maroquins et de demi-maroquins par la
faveur du Prince : François Abadie, Michèle André, Roger Bambuck, Jean-Michel Baylet, Jean- Michel Boucheron, Laurent Cathala, André Delélis, François Doubin, Roland Dumas, Henri Emmanuelli, Michel Durafour, Joseph Franceschi, Charles Hernu, André Henry, Pierre Joxe, André Labarrère, André Laignel, Jack Lang, Guy Langagne, Jean-Yves Le Drian, Georges Lemoine, Jacques Mellick, Guy Penne, Jean Poperen, Yvette Roudy, Jean-Pierre Soisson, Olivier Stirn, Alain Vivien.
Si à cela on additionne les ministres francs-maçons des gouvernements Chirac et Balladur (entre autres : Didier Bariani, Alain Devaquet, Georges Fontès, Lucette Michaux-Chevry, André Rossinot, Christian Bergelin)
on a de quoi créer une populeuse Fraternelle.
On doit ajouter les membres des cénacles occultes comme le Bilderberger Group, la Trilatérale, les B’naï B’rith, le cercle Saint-Simon, le club Jean Moulin, le club Vauban, et d’autres encore… A notre liste s’inscrivent dont les noms de Gaston Defferre, Jean-Noël Jeanneney, Georges Kiejman, Pierre Méhaignerie, Michel Rocard, Lionel Stoleru, Simone Veil, etc.
13. – Voir notamment Arnaud-Aaron Upinski : La Perversion mathématique, l’oeil du pouvoir, Le Rocher ;
Paris 1985, et La Tête coupée ou la parole coupée, O. E. I. L. ; Paris 1991.
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Aucune explication ordinaire ne peut vraiment venir à bout d’un comportement aussi extraordinaire. Et si l’homme, par certains aspects de sa personnalité et de son histoire intime, était aussi extraordinaire que son Grand OEuvre ? Énigmatique, le sphinx élyséen, au lieu de poser des questions, en suscite.
Le Mage pythagoricien de la Société des Occultes
Même dans des domaines à priori moins sensibles ou plus intimes on perçoit cette ombre, cette irruption d’un autre monde, dans son univers quotidien. Pour l’adepte tout est symbole, signe, présage. Rien n’est indifférent ou dénué de sens.
Ainsi en 1962, François Mitterrand jumela sa ville de Château-Chinon avec la cité italienne de Cortona en Toscane. Le monde est vaste, mais c’est la petite cité toscane qui fut choisie. Pourquoi ? A cause de l’histoire peut-être, car Cortona fut, il y a bien longtemps, l’une des plus importantes villes étrusques. La beauté et
la sérénité de la campagne toscane touchèrent peut-être l’élu nivernais.
A moins que ce ne fut d’autres beautés. Après tout qu’importe, et le choix n’est pas si mauvais nie direz-vous. Excellent même. Car il est peu de villes qui peuvent s’enorgueillir d’abriter une tombe mégalithique que la tradition désigne comme le tombeau de Pythagore (25).
Nous voilà devant une des premières apparitions d’un hasard miraculeux qui va se manifester au fil de nos pages avec une régularité d’horloge suisse. Car la petite ville toscane nous réserve d’autres surprises.
En effet au XVIIIe siècle fut fondée à Cortone une société de curieux et d’érudits, attirés par l’archéologie, ou plutôt par les antiquités. Cette association, qui vit toujours sous le nom d’Académie étrusque, s’appelait à l’origine, en 1726, la Société des Occultes (26).
Le premier guide de la Société des Occultes fut Filippo Buonarotti, archéologue, érudit, antiquaire et autorité respectée de l’athénée florentin ; mais aussi descendant d’un frère de l’illustre Michel-Ange et parent d’un autre Philippe Buonarotti, franc-maçon, membre de la conspiration des Égaux, fondateur d’une myriade de sociétés secrètes et grand comploteur devant l’Éternel, pardon le grand architecte.
Il fut ainsi le premier lucumon, nom du magistrat suprême chez les Étrusques et qui fut donné à titre honorifique ( ?) par les académiciens au coordinateur général durant l’année de sa charge.
Par la suite, suivant des règles qui établissaient une rigoureuse organisation hiérarchique incompréhensible dans un cénacle d’érudits, les lucumons furent élus parmi les personnages les plus en vue du monde culturel ou politique de toute l’Europe.
Ainsi les Frères Voltaire et Montesquieu furent de ce nombre. Il est vrai que les prétentions de la très curieuse Société des Occultes dépassaient allègrement le cadre mondain habituel des amateurs d’antiquités.
Il s’agissait pour ces promoteurs, en donnant une dimension européenne à leur projet, de reprendre à leur compte l’ambitieux projet de Cosme II de Médicis, quatrième grand-duc de Toscane.
Rien de plus, en l’occurrence, que de mettre en évidence la singularité de la culture toscane par rapport aux autres cultures italiques et de magnifier sa grandeur en démontrant son extrême antiquité et son rôle de berceau de la civilisation.
Vaste programme qui ne pouvait que plaire à notre futur bâtisseur de pyramides (27). On pourrait certes sourire à ce qui ressemble à du chauvinisme mal placé ou à une marotte d’érudits de province. Mais il n’en est malheureusement rien.
Nous sommes en présence d’une entreprise idéologique de dimensions européennes, qui sous couvert de recherches scientifiques, se proposait d’étayer une vision du monde conforme aux intérêts des cénacles occultes qui l’animaient en sous-main. C’était, avec deux siècles d’avance, l’anticipation de l’
Ahnenerbe nazie (28).
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24. – Le fondateur (avec Deloncle) du Mouvement Social-Révolutionnaire (octobre 1940) et membre dirigeant du Rassemblement National Populaire (1941) avait été initié vers 1910 et avait démissionné en 1913.
25. – Pythagore étant mort à Crotone, l’histoire officielle veut qu’il soit aussi enterré hl. Pour expliquer la
tradition — bien sûr erronée pour les tenants de l’orthodoxie — d’un tombeau du philosophe en Toscane, on
avance la théorie de la confusion entre Crotone et Cortone.
Mais comment peut-on confondre Crotone en Grande Grèce (siège de la ligue crotoniate) et Cortona en Etrurie ? Curieusement, dés la fin du IVe siècle avant notre ère Aristoxène de Tarente, cité par Diogène Laërce, situé en terre étrusque le foyer du pythagorisme.
26. – Voir l’Encyclopédie de l’Archéologie, volume VI, Atlas ; Paris 1987, p. 146.
27. – Il ne nous a pas été possible, jusqu’ici, de savoir si François Mitterrand est, ou a été, membre de la
Société des Occultes. Jusqu’à présent, la Présidence de la République a répondu à nos courriers par un refus
poli arguant de l’emploi du temps surchargé du Président…
28. – La « Deutsches Ahnenerbe Studiengesellschaft für Gretesurgeschichte » (L’Héritage allemand des
Ancêtres, Société pour l’histoire de l’esprit) fut fondée le 1er juillet 1935 par Heinrich Himmler à la demande
du docteur Hermann Wirth.
Son objet était l’étude et la recherche de l’antiquité germanique dans le but d’appuyer par des preuves scientifiques, les conceptions nationales-socialistes.
Selon Pauwels et Bergier dans Le Matin des Magiciens : « Il semble que l’Allemagne ait dépensé plus, pour les recherches de l’Ahnenerbe, que l’Amérique pour la fabrication de la première bombe atomique. […]
Ces recherches allaient de l’activité scientifique proprement dite à l’étude des pratiques occultes, de la vivisection pratiquée sur les prisonniers à l’espionnage des sociétés secrètes.
Il y eut des pourparlers avec Skorzeny pour organiser une expédition dont l’objet était de volet le Saint-Graal et Himmler créa une section spéciale, un service de renseignements chargé du domaine du surnaturel. »
Si des déclarations des créateurs de Planète doivent être accueillies avec beaucoup de prudence (leur réalisme fantastique était bien souvent plus fantastique que réaliste), il n’en demeure pas moins que l’Ahnenerbe organisa des expéditions au Tibet et en Asie centrale, créa des sections spécialisées en spéléologie, entreprit des fouilles archéologiques jusque dans des zone de combats…
Sur l’Ahnenerbe, voir Frédéric Reider, Histoire de la SS par l’image. L’ordre SS, Pensée Moderne ; Paris 1985. Sur les arrières plans ésotériques de l’Ahnenerbe lire : Les Racines occultistes du nazisme de Nicholas Goodrick-Clarke, Pardès, 1989.
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Le Prieuré de Sion et l’ombre du Roi du Monde
Mêmes les tournées électorales du candidat à la présidence de la République s’éclairent d’inquiétantes
lueurs. Au début du mois de mars 1981 François Mitterrand se rendit dans l’Aude, plus exactement dans le Razès, superbe région sauvage et déserte au sud de Carcassonne.
Pour une fois on ne pouvait le soupçonner de se livrer à l’activité traditionnelle du candidat en campagne : la pêche aux voix, car le but de sa visite était le minuscule village de Rennes-le-Château perché sur sa montagne et généreusement crédité par l’I.G.N. d’une centaine d’habitants (29).
Ce que n’importe quel journaliste politique parisien horrifié par un tel spectacle de désolation baptise
péremptoirement de trou perdu. Ce qui n’empêcha pas François Mitterrand, qui n’avait succombé ni à l’ivresse des cimes ni à la blanquette de Limoux, d’affirmer sa fascination éprouvée devant Rennes (30).
Certes le site est magnifique et le politicien en quête d’électeurs mais, malgré tout, cela ne justifie guère la fascination.
Roger-Patrice Pelat qui, lors des déplacements de son ami intime François Mitterrand se trouvait souvent dans son entourage, au second plan (31), nous aurait peut-être éclairé si une mort aussi soudaine qu’opportune ne l’avait arraché à l’affection des siens et du juge Thierry Jean-Pierre.
C’est donc M. Plantard de Saint-Clair, prétentieux prétendu prétendant au trône de France et ci-devant grand maître du Prieuré de Sion, qui va nous renseigner.
Roger-Patrice Pelat ne se contentait pas d’être milliardaire et convaincu de délit d’initiés, il était aussi initié car jusqu’au 6 février 1989 il fut grand maître du Prieuré de Sion. Ce qui n’évoquera sans doute rien pour le lecteur peu versé dans l’ésotérisme qui serait tenté de voir là une de ces confréries folkloriques se réunissant en tenues chamarrées autour de quelques bonnes barriques.
Mais il se trouve que cette organisation secrète qui se donne un mal fou pour être connue et déploie des trésors d’ingéniosité pour passer aux yeux des gens graves et sérieux pour un repaire de bouffons amateurs de canulars n’est que le cercle extérieur — et visible, très visible — d’une société vraiment secrète.
Et son dessein, tout aussi secret, ne transparaît que par ce qu’elle veut bien en laisser filtrer pour informer — un peu —, intoxiquer et manipuler — beaucoup. Ainsi en est-il de l’étonnante nouvelle qui suit.
«
François Mitterrand a-t-il été poussé au pouvoir, d’abord au Parti Socialiste, ensuite à l’Élysée, par une société secrète dont Roger-Patrice Pelat était le grand maître ? On savait que ledit Pelat, financier véreux, était l’ami intime du président de la république et le généreux prêteur de feu Bérégovoy, mais on ignorait qu’il était aussi le haut dignitaire du très secret Prieuré de Sion. »
C’est Minute (13 octobre) qui nous le révèle, à vrai dire sans trop y croire. Notre confrère parle longuement de ce mystérieux Prieuré dont le premier grand maître aurait été Godefroy de Bouillon, lui-même, et que le frère ( ?) Pierre Plantard de Saint-Clair a réveillé en 1956.
« Peut être en saurons-nous bientôt davantage : un document du Prieuré de Sion datant du décès de Roger-Patrice Pelat a été glissé dans le dossier constitué par le juge Thierry Jean-Pierre, chargé d’instruire, comme on sait, l’affaire Péchiney.
C’est un certain Roger Dagobert, architecte en retraite, qui l’aurait fait tenir au magistrat. M. Dagobert est le descendant direct du général Luc-Simon-Auguste Dagobert-Fontenille (1736-1794) qui se distingua dans l’armée révolutionnaire et mourut d’épuisement après avoir conquis la vallée d’Aran et Urgel (32). »
L’affaire Pechiney-Triangle est un scandale politico-financier de la fin des années 1980. Il s’agit d’un délit d’initiés à propos d’une OPA du groupe français Pechiney sur la société américaine Triangle. Plusieurs personnalités politiques et du monde des affaires ont écopé de peines de prison. Roger-Patrice Pelat fera parti des inculpés
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29. – Voir l’article sur sa visite dans L’Indépendant du 4 mars 1981.
30. – Déclaration relevée par le Midi Libre du 4 mars 1981.
31. – Voir Le Monde daté du 9 mars 1989.
32. – Lectures Française, n° 440, décembre 1993.
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Tout au long des pages qui vont suivre, nous allons retrouver, en filigrane, cette mystérieuse société secrète et le mystère de Rennes-le-Château. Car l’aspect — volontairement — bouffon par bien des côtés de tout cela camoufle, fort habilement, des projets inouïs, qui dévoilés aujourd’hui alors que la préparation psychique et psychologique — des masses est loin d’être terminée sembleraient totalement insensés.
Sans trop déflorer le sujet, nous pouvons déjà dire que, par une curieuse ironie du destin, celui qui fut monarchiste en sa jeunesse et se plut dans sa vieillesse à poser en pharaon pour la postérité a travaillé, comme président de la République, à l’avènement — peut-être pas si lointain — d’un grand monarque dont les initiés, depuis des siècles, attendent la venue pour — enfin renouer avec l’âge d’or des premiers matins du monde …
Après le François Mitterrand supérieur inconnu d’une franc-maçonnerie dont il méprise — presque ouvertement — les initiés des premiers grades, le hiératique hiérophante des mystères pythagoriciens, voilà maintenant l’impavide créature d’un Prieuré de Sion partisan — pour la galerie — d’une restauration monarchique au profit d’une fantomatique descendance mérovingienne.
De quoi, avouons-le, donner le vertige et le tournis aux lecteurs. Le mieux étant l’ennemi du bien, on pourrait nous soupçonner d’être un paranoïaque délirant au complot maçonnique à la simple vue du tablier de cuir d’un sapeur barbu de la Légion Étrangère, imaginant un Mitterrand V. R. P. multicarte des forces occultes passant ses septennats à courir d’une cabane de charbonnier au fond des bois à des conciliabules secrets dans les catacombes de Paris.
Exemple de franc-maçons célèbres avec ici Guillaume 1er, roi de Prusse et Empereur d’Allemagne de 1871 à 1888. Il fut initié par son père Frédéric-Guillaume III
Il n’en est rien. Malheureusement. Derrière l’homme il y a une ombre. Épaisse. Presque impénétrable. C’est là qu’il se tient caché depuis plus de cinquante années. Et avec lui dans la nuée sont tapies des sociétés secrètes, des cénacles occultes qui sont autant de voiles dissimulant la face du mystère.
Et pendant quatorze années, suivant un plan mûrement préparé et méthodiquement exécuté, il a, aux yeux du monde et dans l’aveuglement général, peu à peu dévoilé la face cachée du mystère.
Elle est là. Devant nous. Colossale et minuscule. Ridicule et superbe. De verre, de pierre et d’airain. C’est à sa découverte que nous vous convions. Suivons François Mitterrand à travers la face cachée de Paris.
Source : Extrait de « François Mitterrand : Grand Architecte de l’Univers » de Dominique Setzepfandt